Tutoriel perspectiveQuelques notions de base Comme il est difficile de tenir compte de ce que savent déjà parfaitement les uns ou les autres, je préfère repartir à zéro. On fait donc comme si vous ne saviez absolument rien à propos de la perspective. Ok ?
C’est quoi la perspective ? C’est la possibilité en dessin de faire croire à l’œil qu’il est devant une vision « en profondeur », alors qu’il est devant une feuille de papier, ou un écran, qui sont tout plats.
Bref, c’est de la triche.
Ici on va seulement s’occuper de la perspective linéaire(celle du dessin donc) mais il en existe d’autres (perspective atmosphérique, chromatique etc…)
Donc , contrairement à ce qu’on vous a peut-être appris, la perspective( en BD ou en peinture, dessin, illustration…) ce n’est pas une matière scientifique, c’est l’art de la triche.
Cela signifie que c’est l’art de « faire croire » alors que c’est faux.
Partant de ce principe, on se fiche de savoir si c’est juste ou pas. Le tout est de tricher le plus habilement possible pour que ce soit
convaincant.Pris comme ça, c’est déjà un peu plus drôle .
Donc ce tutoriel va essayer de faire passer une ou deux notions pas forcément indiscutables mais qui peuvent rendre service quand on dessine.
Moi au début je pensais que ça ne servait qu’à faire des décors, le jour où j’ai vu que même les crayonnés des planches de Gaston Lagaffe étaient bourrées (sur les personnages) de traits de persp’, j’ai compris qu’il était impossible de faire l’impasse sur le sujet .
Ben oui, la perspective ça sert, même pour dessiner un personnage sans décor.
Etonnant, non ?
Alors résumons.
Quand on dessine, on a tendance à faire les choses de face,de profil, ou de dos.(Plus rarement de dessus ou de dessous.)
Bon, dessiner comme ça, ça permet de voir ce que ça représente, mais c’est quand même un peu figé.
D’ailleurs les premières peintures (en occident), avant la Renaissance fonctionnaient comme ça (Je ne parle pas de la peinture de l’Antiquité, ils connaissaient sans doute très bien la perspective, mais il ne reste presque rien de leurs œuvres).
Pour montrer un truc on le mettait de face ou de profil, ou on combinait les deux (pensez aux figures égyptiennes, corps de face visage de profil) et basta.
Mais ces six angles de vue (face, profil gauche, profil droit, dos, dessus, dessous) ca décrit bien les choses mais ce n’est pas très vivant.
Dans la vie, on ne voit pratiquement rien uniquement sous ces six angles.
Tout ce qu’on voit est une
combinaison de ces six angles.
Si vous regardez tout de suite, là votre copine ou votre copain, ou n’importe qui à la télé, vous verrez que vous le voyez presque de face, et en même temps un peu de profil, un peu de dessus ou de dessous. (Notamment s’il est en train de chercher sous le canapé la télécommande.)
Et pour rendre cela… la perspective est partout.
Ca ne signifie pas qu’il faut la tracer systématiquement, cela signifie qu’il faut l’avoir dans la tête pour rectifier « dès qu’on ne sait plus comment faire».
On a compris ça à la Renaissance (surtout en Italie) et d’un seul coup la peinture a explosé magnifiquement (Léonard, Raphaël, Michel-Ange etc…) parce que d’un seul coup on a compris que les possibilités de représenter sa voisine de façon sublime étaient in-fi-nies !)
C’est quoi la perspective techniquement ?
En gros, C’est considérer que tous les axes qui constituent une figure qu’on pourrait dessiner de face se déplacent quand la personne bouge par rapport à notre œil, sauf les verticales qui restent toujours des verticales (en règle générale).Arg, ça se complique. Voyons ça avec un petit dessin
Bon . Ok, mais maintenant, pratiquement, comment on fait ?
Un peu de théorie, avec un cube tout bête, mais ça marche pour toutes les formes
Il faut considérer qu’il y a toujours devant nous une ligne d’horizon , située, en haut, au milieu, ou en bas, bref où on veut. Mais
plate.Et que toutes les lignes plus ou moins perpendiculaires à notre œil « fuient" vers cette ligne, à un endroit donné (si elles sont parallèles) appelé « point de fuite ».
(dessin A)
![TUTO : bricoler avec la perspective Tuta](https://2img.net/h/s3.archive-host.com/membres/images/650062260/tuta.jpg)
Sauf que ça ne suffit pas , ce serait trop simple. Comme on ne voit pas souvent les choses avec un côté bien de face, mais plus souvent en biais, il nous faut un 2
e point de fuite.
Mais ces points ne sont pas vraiment potes et ne peuvent pas être trop près l’un de l’autre.
Ce qui fait que s’il y en a un au milieu de mon dessin il n’y en a pas d’autre à proximité.
Par contre, s’il y en a un à gauche de mon œil, il peut y en en avoir un autre à droite, pas trop proche, mais pas trop loin.
(Dessin B)
![TUTO : bricoler avec la perspective Tutb](https://2img.net/h/s3.archive-host.com/membres/images/650062260/tutb.jpg)
Mais il se peut aussi, si ma case Bd est réduite ou le plan rapproché, y en avoir un ou deux mais
en dehors de la case.
( ben oui, mon œil, il voit presque à 160° , la case Bd , elle est limitée à 30 ou 40 degrés, parfois encore moins)
Et là c’est la galère, parce que ces fameux points de fuite
peuvent se trouver carrément en dehors de ma feuille, et même sur la table
Alors comment on fait ?
C’est là qu’intervient l’outil merveilleux…
le PIFOMETRE !On part de la seule chose dont on est sûr : L’horizon .Et à partir de cet horizon , on trace grosso modo des fuyantes
, qui rayonnent de plus en plus au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la ligne
d’horizon (dessin D) Et là-dessus, on construit son dessin comme on veut.
Bien sûr, il me faudra un peu d’expérience et quelques dizaine de croquis ( à main levée, jamais de règle) pour repérer cette fameuse ligne invisible, et ces fameux points de fuite, et les considérer comme des amis précieux qui m’indiquent que tel œil est trop haut ou trop bas.
Ce sera un peu tordu au départ mais je m’apercevrai trèsvite qu’ils sont presque toujours là, ces cons de points de fuite. Alors je dois faire avec.
Donc mentalement, je m’exerce à tracer des lignes qui n’existent pas, juste pour repérer leur direction.
Il existe de bon exercices pour s'habituer à les voir tout le temps et partout : les tracer par dessus des photos de magazines, au crayon, ou bien regarder ce qu'on a autour de soi à travers une fenêtre en carton et chercher les lignes. au bout d'un moment, ça devient instinctif.
Ok. Maintenant vous avez compris comment ça marche : une ligne invisible et deux points, éloignés l’un de l’autre posés sur cette ligne…dans l’image ou en dehors de l’image.
Maintenant, quelques vérifications pratiques .
Manou m’a autorisé à utiliser les dessinsde sa Bd avec Marguerite comme exemple. Sur sa Bd, je vois bien ce qu’elle a voulu faire, et je vais réessayer de faire la même chose en tenant compte de cette fameuse ligne invisible et des un ou deux points de fuite utiles.
Voilà. C'est tout pour aujourd'hui
Finalement, c’est marrant la perspective.
Ca permet au bout d’un moment, de créer des angles de plus en plus compliqué et amusants, parce qu’on s’aperçoit que les points de fuite,on peut les multiplier – et en rajouter qui pointent vers le ciel, ou vers le sol, ce qui permet des points de vue de plus en plus vertigineux. ( Il ne faut pas en abuser quand même)…mais des gens comme Schuitten (architecte à la base)ont bâti leur succès sur cette maîtrise… Mais les héros Marvel aussi, par exemple, et beaucoup de mangas basent leur dynamisme là-dessus aussi…
(Bon c’est sûr que l’art de la perspective, ce n’est pas ça,et que si vous avez besoin un jour de dessiner un escalier en colimaçon vu dedessous…il vaut mieux acheter un vrai bouquin sérieux, mais les notions dont on se sert le plus souvent, c’est celles qui sont expliquées là… et Hergé par exemple n’en utilisait pas beaucoup plus…mais il les utilisait tout le temps !)
Si ça vous a intéressé, je pourrais vous montrer d’autres trucs simples ...qui aident à faire des choses plus compliquées (un cercle en persp, des roues de voiture ou de vélo par exemple, des fenêtres ou des carreaux qui s’éloignent de façon régulière, des escaliers etc… etc… A vous de me dire) .